Le
Chêne et le châtaignier
(ou :
la solidarité)
Un
vieux châtaignier, tout moulu par les ans,
N'avait
au bout de ses branches plus de sang.
Solidement
dressé à mi-pente du coteau,
Il
était cependant resté très costaud,
Et
malgré son apparente fragilité,
Savait
encore faire front à toutes les calamités.
Depuis
le siècle passé, de grosses tempêtes
Il
en avait vues dont aucune n'était faite
Pour
le déraciner. Quelques mètres au-dessus
Un
jeune compagnon avait reçu
De
la providence force, fierté et courage.
Il
était dans la force de l'âge
Et
offrait aux caprices du vent
Ses
branches et son tronc de chêne fièrement.
Hélas !
Quelle ne fut pas son amertume
Quand
un jour qui n'obéit pas à la coutume
La
furie des éléments déchaînés
Parvint
– ô quelle grande pitié ! -
A
réduire à néant
D'un
grand parmi les grands
Les
projets qu'il avait en son cœur formulés
Pour
de son vieux voisin occuper la place enviée.
Le
sort a de ces coups funestes
Qui
des plus grands desseins ne laissent que pauvres restes.
Or
donc, ce jour-là, la tempête
Fit
plier du géant le faîte
Et,
outrage indicible – qui l'eût cru -
De
son fondement les racines mit à nu.
En
arbre d'expérience non rancunier,
Sage
et bon, le vieux châtaignier
Offrit
à son voisin orgueilleux
Le
secours de son branchage un peu vieux.
Ce
faisant, il adoucit le malheur
Du
beau chêne qui fondait en pleurs.
Et,
juste retour des choses,
Le
ciel prit fait et cause
Pour
le vieillard au grand cœur
Lui
faisant présent – ô bonheur -
De
robustes repousses au long du tronc fané
Pour
mieux supporter de son frère le corps affaissé.
Moralité :
Ce
n'est pas seulement à qui il est destiné
Que
profite l'acte de solidarité.
D'une
manière ou d'une autre, sans bruit,
Son
auteur en recueille des fruits.
Guy,
souvenir d'une croisière sur les canaux
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