Ami visiteur, sois le bienvenu !

Cette fin d'année est propice, je veux le croire, à la manifestation du désir de donner une suite à cette entreprise balbutiante depuis trop longtemps.
Peut-être l'année 2012 me permettra-t-elle d'aller plus loin et de rencontrer mes amis !
A bientôt !

dimanche 19 février 2012

La vitesse et l'âge

Une citation d'Albert Jacquard in "Mon Utopie"     2006

     Dans notre société où la vitesse est une valeur, la tentation de l'école est d'apporter du savoir sans trop se préoccuper de la compréhension. C'est se contenter d'un plat surgelé qui a perdu sa finesse et surtout qui n'aiguise pas l'appétit.

lundi 13 février 2012

Réponse de Denis Vincent (Randonnée au pays qui n'existe pas)

A PROPOS DE L'UTOPIE

Les grandes utopies ont jalonné d'âge en âge notre passé. Denis Vincent revient sur la "plume" (Le Pays Briard du 3 février) de Guy Couespel à propos du débat sur les prochaines élections.

    L'utopie est une générosité de l'imagination. Une aspiration de l'homme pensant, cherchant la justice, l'ordre, l'harmonie, la fraternité, etc... L'homme est pris entre une aspiration vers le Bien et la difficile condition humaine.
    Les grandes cathédrales de France ont été des utopies. Le palais de Versailles est né d'une utopie. En littérature, Rabelais via Gargantua, bâtit l'abbaye utopique. L'utopie rabelaisienne n'est pas séparée de la Rédemption d'un Dieu agissant dans l'incarnation du Verbe.
    L'homme seul ne peut bâtir la cité idéale. Il suit les voies du Ciel par les voies exotériques de Salut et par l'ésotérisme des symboles et des nombres. Le Paradis perdu hante l'homme. Il rêve cet âge d'or. Cette hantise se traduit dans les utopies sociales les plus proches de nous. Elles aussi ont leur paradis et sont à la recherche de leur âge d'or. Hélas, les programmes électoraux et les promesses de leurs hérauts ne sont pas des utopies. Ils répondent seulement à des urgences et à des situations très éloignées d'un imaginaire.

Réaction parue dans le Pays Briard du 10 février 2012

lundi 6 février 2012

Quoi de nouveau sous le soleil ?

La Bruyère     -     L'injustice sociale




C'est en 1645 que naquit La Bruyère. Il y a donc 367 ans cette année. Je le relis avec grand plaisir. Peut-être son expression surprendra-t-elle des lecteurs du vingt et unième siècle. Mais les propos sont d'une terrible actualité.
 
Il y a des misères sur la terre qui saisissent le coeur. Il manque à quelques-uns jusqu'aux aliments ; ils redoutent l'hiver ; ils appréhendent de vivre ; l'on mange ailleurs des fruits précoces ; l'on force la terre et les saisons pour fournir à sa délicatesse. De simples bourgeois, seulement à cause qu'ils étaient riches, ont eu l'audace d'avaler en un seul morceau la nourriture de cent familles. Tienne qui voudra contre de si grandes extrémités ; je ne veux être, si je le puis, ni malheureux, ni heureux ; je me jette et me réfugie dans la médiocrité.
Il y a une espèce de honte d'être heureux à la vue de certaines misères.
L'on voit certains animaux farouches, des mâles, et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides, et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu'ils fouillent et qu'ils remuent avec une opiniâtreté invincible ; ils ont comme une voix articulée, et, quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine ; et en effet ils sont des hommes. Ils se retirent la nuit dans des tanières, où ils vivent de pain noir, d'eau et de racines : ils épargnent aux autres hommes la peine de semer, de labourer et de recueillir pour vivre, et méritent ainsi de ne pas manquer de ce pain qu'ils ont semé.
Si je compare ensemble les deux conditions des hommes les plus opposées, je veux dire les grands avec le peuple, ce dernier me paraît content du nécessaire, et les autres sont inquiets et pauvres avec le superflu. Un homme du peuple ne saurait faire aucun mal ; un grand ne veut faire aucun bien et est capable de grands maux. L'un ne se forme et ne s'exerce que dans les choses qui sont utiles ; l'autre y joint les pernicieuses. Là se montrent ingénument la grossièreté et la franchise ; ici se cache une sève maligne et corrompue sous l'écorce de la politesse. Le peuple n'a guère d'esprit, et les grands n'ont point d'âme : celui-là a un bon fond et n'a point de dehors, ceux-ci n'ont que des dehors et qu'une simple superficie. Faut-il opter ? Je ne balance pas : je veux être peuple.

mercredi 1 février 2012

Randonnée au pays qui n'existe pas...

     Elections présidentielles 2012. Tous les candidats aspirant aux responsabilités suprêmes – ou presque – sont sur la ligne de départ. Et les promesses d'avenir meilleur de crépiter au creux de nos oreilles blasées.
    Oui, la société parfaite est pour demain, c'est sûr.
    Chacun a sa recette magique. Renouveau, changement, changement dans la continuité (on a entendu cela par le passé), plein emploi, sécurité, logement pour tous, éducation de pointe ( sans oublier – bien entendu – les enfants et les jeunes gens souffrant de handicaps variés), culture développée, droit universel à l'accès aux soins de qualité... Liberté, égalité, fraternité... Justice... Laïcité...
    Promesses.
    Rêve ? Illusion ? Chimère ?
    Tout cela me fait penser à cette société idéale – mais imaginaire – désignée en 1516 par Thomas More sous le nom d'UTOPIE. Etymologiquement : le lieu qui n'existe pas, le non-lieu.
    Rêver la société idéale, c'est un exercice intéressant, vivifiant même. Et pourtant...
    Le premier obstacle à cet exercice ne tient-il pas au fait que l'utopie n'est pas singulière mais plurielle ? Le visage de l'idéal sourit différemment, ne renvoie pas la lumière de la même façon selon qu'il est esquissé par François Hollande ou par Nicolas Sarkozy, par Jean-Luc Mélenchon ou par Marine Le Pen, par François Bayrou ou par Eva Joly.
    Il n'existe donc pas une utopie mais des utopies. Comment se mettre d'accord ?
    Si l'entente sur le but est difficile à atteindre, que dire des opinions divergentes relatives aux moyens de déjouer les contraintes de la réalité ?
    Il faut se faire une raison. L'utopie est bien le lieu qui n'existe pas. C'est tout de même une lumière, une espérance, peut-être le témoin d'un paradis perdu.
    Victor Hugo disait : « L'utopie est la vérité de demain ». C'est un phare, une lumière d'espoir. Pour Théodore Monod « c'est simplement ce qui n'a pas encore été essayé ».
    Alors essayons !
    Et ne nous privons pas de rêver l'avenir. Si la réalité est plus morose, plus contraignante, elle ne peut pas nous priver de notre liberté de penser, d'imaginer, de rêver... et de nous confronter à nos contemporains en gardant à l'esprit... qu'il faut de tout pour faire un monde !
    Notre bien le plus précieux est cette liberté conditionnée seulement par notre aptitude à respecter ceux qui pensent autrement.